Le frémissement est sensible et on pressent que, dans les prochains mois, les projets vont à nouveau se multiplier. Cette 103e session sera-t-elle la dernière de l’ère Covid ? La perspective nous emballe tous, vous vous en doutez.
Toujours est-il que pour cette première échéance de 2021, le conseil d’administration de Wallimage, réuni par écrans interposées, a décidé de conserver les critères d’exigence propres au fonds. Ce sont donc 902 000 euros qui seront investis dans huit projets très alléchants. Les quatre prochaines sessions seront, en conséquence, un peu mieux dotées que d’habitude.
Entre chien et loup ne nous a pas proposé un, mais QUATRE longs métrages, considérés dans un seul dossier puisqu’il s’agit d’un slate industriellement cohérent. Du coup, ces Black Swan Tales comptent parmi les projets les plus originaux jamais déposés chez Wallimage et pourraient inspirer d’autres producteurs. Cette collection repose sur un genre commun (le thriller tendance horreur), mais aussi sur un pipeline de postproduction qui sera appliqué à chaque fois. Benuts s’occupera des VFX, Cob Studios des bruitages, Bardaf de la postproduction son… Pour les histoires, les scénaristes, les réalisateurs, les acteurs, chaque projet est indépendant des autres. Trois des quatre films seront tournés en Wallonie, deux sont en français et deux en anglais. Le modèle ici envisagé est clairement inspiré de celui de la société Blumhouse aux États-Unis qui fabrique des longs métrages à des budgets raisonnables (environ 1 million) autour d’histoires conçues par des spécialistes du genre. Quelques films sont excellents et de temps en temps, un projet devient un énorme succès. Get Out, par exemple, a fait de Blumhouse une maison de production qui compte à l’international. Entre Chien et Loup entend bien dupliquer cette expérience. Au lu des scénarios que nous avons dévorés, c’est une réelle possibilité, surtout à une époque où les plateformes VOD fleurissent à travers le monde et sont très friandes de ce type de sensations fortes.
De prime abord Funny Birds pourrait sembler plus « classique ». Mais ce n’est pas vraiment le cas. Ce deuxième long métrage de Marco La Via et Hanna Ladoul, un couple remarqué naguère à la section ACID de Cannes, se déroule dans une ferme du nord-est des États-Unis et narre les retrouvailles entre une fille et sa mère qu’elle connaît à peine. Leur relation ne tarde pas à tourner au vinaigre, mais tout le monde doit soudain faire face à une épidémie de grippe aviaire qui change la donne. Maintenant que le pitch est planté, place aux surprises. Le casting quatre étoiles, tout d’abord emmené par deux formidables actrices, vedettes internationales de renom dont il est encore prématuré de vous révéler l’identité. Le décor ensuite. À la façon de Mandy (déjà coproduit par Umedia), ce long métrage sera entièrement filmé… en Wallonie. Pendant 35 jours et dans un endroit unique : une ferme. Les locations de matériel chez TSF, de loges chez Macadamcar, de costumes chez Tigreville, s’additionnent à une postproduction chez Dame Blanche Genval et Bardaf. Tous les VFX seront réalisés à La Hulpe dans les studios de l’incontournable Benuts. Une équipe de 18 personnes œuvrera sur le tournage. Parmi elles… un dresseur de poules.
Autre coproduction entre la France et la Belgique, Angèle Rivière narre l’histoire d’une ouvrière qui, tombant accidentellement enceinte, va être embarquée dans la bataille pour la légalisation de l’avortement. Nous sommes en 1974 et ce combat va donner un nouveau sens à sa vie. Le scénario très documenté est passionnant, à l’aune d’un casting alléchant avec Laure Calamy, Yannick Choirat, Zita Hanrot, Christelle Cornil ou Josiane Balasko sous la direction de Blandine Lenoir qui a fédéré le grand public autour de son précédent long métrage, Aurore. S’il n’y a pas de tournage wallon, une partie de l’équipe viendra bien de notre région. Tararantula a aussi localisé chez nous la postproduction image qui se fera chez Charbon, la postproduction son chez Dame blanche et les effets spéciaux chez Mikros.
Pas de tournage belge non plus pour Saturne, deuxième collaboration des Films du Fleuve avec Patricia Mazuy après Paul Sanchez est revenu. Dans ce thriller détourné, la réalisatrice de Saint Cyr opposera deux demi-frères autour du bowling dont l’aîné a hérité de son père. Comme le nouveau patron est policier, il confie la gérance de l’établissement à son cadet, sans emploi fixe et à la personnalité imprévisible. Évidemment, ça va mal tourner. La filière son sera wallonne tandis que la musique sera signée par le jeune groupe liégeois Wyatt E. Mikros, Bardaf et Cobstudios assureront la partie liégeoise de la postproduction.
Comme Black Swan Tales, Des gens bien est un projet initié en Belgique. Il s’agit d’une série de 6X50 minutes qui réunit une nouvelle fois toute l’équipe de la Trêve. Soit Hélicotronc à la production, Matthieu Donck, Benjamin D’Aoust et Stéphane Bergman au scénario et à la réalisation. On est toujours dans une région wallonne boisée (ici la région de Couvin), pour un thriller qui s’articule autour de la frontière franco-belge sur une escroquerie à l’assurance qui prendra vite des proportions catastrophiques. Le ton décalé fera sans doute penser à Fargo ou à Ozark, soit un suspense pimenté d’un humour noir irrévérencieux. Une équipe de trente Wallons participera à ce long tournage tandis qu’Eyelite, Benuts et Bardaf s’investiront dans l’aventure. En plus de la RTBF, Arte cofinance cette série qui devrait connaître trois saisons et sera donc la première coproduction franco-belge du fonds des séries.
Wallimage cofinancera aussi deux autres dossiers initiés chez nous, documentaires ceux-là.
Addio Amore, proposé par Iota, sera signé par le Wallon Jean-Michel Dehon. Il s’inscrit dans les célébrations du 75e anniversaire des accords entre l’Italie et la Belgique et sera diffusé en prime time sur la RTBF. Si le sujet a déjà été traité, l’angle d’attaque est vraiment intéressant puisqu’il évoquera le rôle des femmes dans la réussite de cette immigration massive. La RAI devrait également programmer ce document.
Light + nous proposera quant à lui quatre visions hétéronormées du monde LGBTQI+. Il est mené par Limited Adventure, une nouvelle maison de production wallonne conduite par Thomas Meys, directeur de postproduction très actif depuis quelques années. Light + fait partie des projets soutenus par la RTBF dans le cadre de #RESTART et sera diffusé sur Tipik en prime time, au début de l’été 2021. Deux auteurs, deux réalisateurs, la filière son, le monteur et l’étalonneur seront wallons avec des interventions de Bardaf et de Koko arrose la culture. La création de l’univers musical de Light + sera également une affaire régionale avec les Liégeois de Pale Grey et Glauque, groupe phare de l’electro hip-hop francophone basé à Namur qui, soit dit en passant, apparaît aussi dans la B.O. de l’excellent À l’ombre des filles, un long métrage coproduit par Versus et cofinancé par Wallimage.
Comme Limited Adventures, Bardaf ! Productions nous soumet un projet pour la toute première fois. Nouveau venu chez nous ne signifie pourtant pas débutant : Olivier Nomen est un consultant réputé dans l’univers de l’animation et il connaît le secteur sur le bout des doigts. Cela lui a permis de s’associer à deux cadors français, Caribara et Dandeloo pour La cabane à histoires, série hybride mélangeant le live et la 2D. Les 26 épisodes de 7 minutes sont, chacun, consacrés à l’adaptation d’un livre jeunesse ce qui implique des personnages et des styles graphiques différents à chaque fois. Pour cette saison 4, les auteurs belges seront particulièrement à l’honneur et la RTBF se positionnera comme diffuseur. Waooh ! s’occupera en partie du design additionnel, de la modélisation et des storyboards, ainsi que d’un quart des layouts et de l’animation de la série. La postproduction sonore sera assurée par Genval-Les-Dames, très prisée par les producteurs pour cette première session de 2021.